Yoga Toumo

Science

Ce qu´en dit la science

Auteur : Dr Anne Laurençon

Adaptation au froid

En guise d’introduction à cette page, un petit rappel sur ce que l’on imagine de l’être humain il y a 400.000 ans: pas de feu à volonté pour se réchauffer, c’est donc le corps lui-même qui produit la chaleur: la couche sous cutanée de gras devait être épaisse en saison froide. Et les Hommes utilisaient sûrement des fourrures pour se protéger du froid et hiberner une bonne partie de l’hiver: l’impact du froid sur notre physiologie et plus spécifiquement sur notre métabolisme et nos réponses immunitaires est décrit par plusieurs études scientifiques. De par notre héritage, nos corps ont plusieurs cordes à leur arc pour répondre à l’exposition au froid.

 

Le regard d’une personne extérieure sur les pratiques tantriques tibétaines, s’arrête à coup sûr sur une de ses six pratiques fondamentales: le toumo. Les adeptes s’exposent au froid sur de longues périodes sans signe extérieur de détresse. Comme si cela ne suffisait pas, ils peuvent sécher des pièces de tissus mouillées sur leurs épaules par des températures négatives… Ces pratiques résultent effectivement en une adaptation au froid qui n’est qu’un effet secondaire pour l’adepte: lui pratique plutôt une technique visant le psychisme de l’être humain. Le toumo est traditionnellement enseigné pour faire l’expérience de phénomènes de «transfert de conscience vers un corps sans vie suivi de sa renaissance» (Je Tsongkhapa, initiateur de l’école gelug). La science en son état d’avancement n’a pas de cadre conceptuel pour tester ce type d’affirmation, mais peut effectivement s’intéresser à ce qu’il se passe de façon objective au niveau de la chaleur corporelle.

 


LE CORPS FACE A L’EXPOSITION AU FROID

Plusieurs études étayent les conséquences et les bienfaits de l’exposition volontaire au froid, et couvrent tout type d’exposition. Que ce soit la nage en eau glacée, ou bien les bains en eau froide après un effort physique ou d’autres pratiques comme la cryothérapie, thérapie par contraste chaud/froid… Je ne cherche donc pas ici à les détailler, mais seulement reprendre les grandes lignes de ce qui a été décrit à ce jour par les différentes écoles de physiologistes, en référençant des articles complets sur les différents points mentionnés pour ceux que cela intéresse.

 

 

 

 

Je citerai ici deux publications publiées en 2014 qui nous permettent de mettre en perspective comment le corps réagit dans des pratiques proches de ce que pratiquent les tibétains en toumo. Un premier travail qui permet également d’appréhender les changements physiologiques en œuvre a été publiée en 2014 (collaboration entre chercheurs Américains et Russes). La deuxième étude s’intéresse aux pratiques développées par Wim Hof. Je m’intéresse ici à une publication qui est à mes yeux de loin la plus intéressante parce qu’elle s’intéresse à des novices pratiquants la méthode qu’il propose, et donc montre les changements physiologiques qui peuvent avoir lieu sans être un homme exceptionnel (comme le sont Maurice Daubard ou Wim Hof).

 

 

 

De ces études plusieurs implications: pour le travail emmené par Minvaleev, il faut considérer la respiration comme le grand régulateur thermique du corps. Pour lui, la chaleur dégagée par les muscles (en activité simple ou par frisson) ne suffit pas à expliquer la chaleur qu’un pratiquant dégage lors des pratiques yogiques. Pour le groupe de Picckers, la possibilité de pouvoir agir sur des conditions persistantes d’inflammation et également des maladies auto-immunes se fait jour et doit être étudiée plus avant.

Etudes dédiées spécifiquement au Yoga Toumo

Parmi les différents articles à disposition, le travail le plus en lien avec les pratiquants de toumo est produit par le laboratoire de Herbert Benson (Harvard, Etats Unis d’Amérique). Une étude complémentaire, publiée en 2013, permet d’affiner les observations fournies par ce travail pionnier.

 

 

 

De ces études plusieurs implications: d’une part l’augmentation temporelle des pratiquants reportée par les différents groupes. D’autre part des hypothèses que les chercheurs évoquent en lien avec leurs recherches. Pour Benson, il existe une réponse de relaxation du corps qui serait un état physiologique opposé à l’état physiologique de stress. Il utilise ce cadre conceptuel pour entraîner les patients à utiliser cette réponse de relaxation face aux pensées négatives intrusives liées au stress qui les minent. Il espère que ces techniques seront utilisées pour aider à alléger les souffrances physiques et mentales.

 

Pour le travail mené par Kozhenikov, deux des facteurs mesurés sont prédictibles de l’augmentation de température corporelle lors des pratiques: le temps de rétention comme nous l’avons vu, et également l’utilisation d’imagerie mentale lors des phases méditatives. Les auteurs proposent donc que l’attention portée à l’état intérieur dans ces pratiques est un élément clef à ne pas négliger: il est difficile de développer cette attention développée lors des pratiques en assise dans des pratiques corporelles dynamiques.

 

Quant à Maurice Daubard, il a été suivi par des équipes de scientifiques à plusieurs reprises. Comme par exemple, en 2007, lors de son expédition en Finlande.

 

Maurice Daubard

Le Mâitre

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